L’Ugict-CGT, en association avec Secafi, a commandé un sondage à ViaVoice en novembre 2023 pour recueillir les opinions et attentes des professions intermédiaires et techniciennes. Le salaire occupe bien sûr une place prépondérante dans les préoccupations de ces salarié·es.
Des augmentations qui n'en sont pas vraiment
En 2023, 77 % des professions intermédiaires déclarent avoir bénéficié d’une rémunération supplémentaire. Si ce chiffre peut paraître positif, la réalité est tout autre quand on regarde dans le détail le type d’augmentations octroyées.
Moins de la moitié des professions intermédiaires se sont vue octroyer une augmentation collective de salaire, alors que ces salarié·es étaient 91 % à y être favorables, contre 66 % pour des primes.
En effet, les professions intermédiaires considèrent très largement que le système d’évaluation individuelle, sur lequel se fonde l’attribution des hausses individuelles de salaire, n’est pas satisfaisant.
Ainsi, le salaire réel des professions intermédiaires a en moyenne baissé de 0,7 % en 2023.
Pour y remédier, la CGT propose de rétablir l’échelle mobile des salaires. Existant aujourd’hui en Belgique (et en France jusqu’en 1983), l’échelle mobile des salaires permet de répercuter automatiquement l’augmentation du Smic sur l’ensemble des salaires dans le privé et dans le public.
Si les professions intermédiaires ont généralement le sentiment que leur expertise professionnelle est reconnue sur le plan social (67 %), ce n’est pas le cas sur plan de leur rémunération.
Alors que le niveau de qualification général augmente, le pouvoir d’achat des professions intermédiaires diminue dès l’embauche.
Ce n’est pas le seul point avec lequel le salaire de ces salarié·es est en décalage.
- le Smic à 2 000 € bruts pour un temps plein ;
- 1,6 fois le Smic (3 200 € bruts) pour un bac + 2 ;
- 1,8 fois le Smic (3 600 € bruts) pour un bac + 3 ;
- 2 fois le Smic (4 000 € bruts) pour un bac + 5 ;
- 2,3 fois le Smic (4 600 € bruts) pour un bac + 8.
La CGT revendique également la mise en place de grilles de classifications valorisant la progression de la qualification, l’ancienneté et l’expérience professionnelle, ainsi que le doublement - a minima - du salaire sur la carrière.
Elles sont notamment assistantes, assistantes de direction, infirmières, éducatrices, assistantes sociales, enseignantes du premier degré… Concentrées dans des métiers à prédominance féminine moins bien payés que les métiers masculinisés, les femmes des professions intermédiaires subissent la déqualification à l'œuvre, en particulier dans la fonction publique.
Les modalités de rémunération des professions intermédiaires citées plus haut sont en grande partie responsables de ces inégalités. Les femmes des professions intermédiaires ont moins de chance que les hommes cadres de bénéficier de primes ou d’augmentations individuelles, qui sont par nature discrétionnaires et valorisent le présentéisme.
La CGT et son Ugict réclament des sanctions contre les entreprises qui discriminent les femmes et la modification en profondeur de l’index égalité salariale, mais aussi la revalorisation des métiers féminisés, qui, à qualifications équivalentes, sont moins bien payées que les métiers masculinisés.
Il faut également mettre fin au « plafond de mère » et aux discriminations de carrière qui pénalisent les femmes en intégrant dans les bilans sociaux un indicateur de suivi obligatoire des déroulements de carrières.