Dans un contexte où les entreprises s’enrichissent toujours plus, les vagues de suppressions d’emplois dans l’industrie se multiplient et impactent durement la France. Les entreprises organisent leur délocalisation ou leur démantèlement pour leurs profits et ce sont les salarié·es qui en paient les frais, comme celles et ceux de Michelin, Vencorex, d’Arcelor Mittal, d’Auchan oui bien d’autres.
La CGT dénombre près de 300 PSE (plans de licenciement)
Depuis plusieurs mois, la CGT alerte sur la situation industrielle désastreuse. En mai dernier, la CGT a présenté une liste de 130 plans de suppressions d'emplois afin de dénoncer ce processus de désindustrialisation. En octobre, lorsqu’elle est présentée au Premier Ministre par la CGT, cette liste atteint les 180 plans de licenciement.
Et mois de 6 mois après notre première liste, la CGT recense aujourd’hui 286 plans de suppressions d'emplois depuis septembre 2023.
Une tendance globale à l’accélération du rythme de mise en oeuvre de plans de suppressions d’emplois se dégage, avec plus de 120 plans concentrés sur la période juillet-novembre 2024, dont 89 sur la seule période septembre/novembre.
- la métallurgie : 13 000 emplois directs supprimés ou menacés,
- le commerce : plus de 10 000 emplois directs supprimés,
- le secteur public et associatif : plus de 7 000 emplois supprimés,
- les banques et assurances : plus de 6000 emplois supprimés ou menacés
- la chimie : plus de 7000 emplois directs supprimés
Si on cumule le total des emplois supprimés ou menacés (70 586) et le potentiel d’emplois indirects et induits dans l’industrie (57 664 hypothèse basse, 129 744 hypothèse haute), on arrive donc à l’évaluation globale d’un impact négatif compris entre 128 250 et 200 330 emplois depuis septembre 2023 recensés par la CGT.
Il donc permis de penser que ce sont plusieurs dizaines de milliers d’emplois supplémentaires menacés qui peuvent être ajoutés à ceux recensés par la CGT.
Au-delà des ravages sociaux avec la destruction d’emplois directs et indirects, la désindustrialisation entraîne aussi des ravages territoriaux avec la désertification impactant tout le tissu économique et les services publics français.
Chaque emploi supprimé entraîne des effets domino sur les sous-traitants, les prestataires de services et tout l’écosystème économique local. Ces plans de licenciements n’effacent pas seulement des emplois, ils vident des régions de leur attractivité, de leur commerce de proximité…
Il n’y a pas pire violence sociale que le chômage, ces suppressions d’emplois plongent également des familles dans l’incertitude. Ces annonces peuvent être effectuées en visio ou par SMS en un temps extrêmement court, sans prendre en compte les conditions de vie des salarié·es et leurs chances de retrouver un emploi, notamment s’ils et elles sont en fin de carrière.
Ces plans de licenciements entraînent des impacts sociaux profonds, des difficultés financières jusqu’à la perte de logement, fragilisant le tissu social dans de nombreux territoires.
La délocalisation de nos productions vers des pays où les normes environnementales sont faibles, voire inexistantes, amplifie l’impact écologique de ces choix.
À cela s’ajoute un paradoxe, les productions exportées à l’étranger reviendront manufacturées dans notre pays, alourdissant encore plus le bilan carbone de la délocalisation. La souveraineté de notre pays est, quant à elle, menacée.
En externalisant ces pans entiers de sa capacité productive, la France perd non seulement des emplois, mais aussi le contrôle sur des secteurs clés de son économie. Cette situation alimente une dépendance accrue à l’égard d’autres pays.
De l'argent public distribué sans contrepartie aux entreprises qui licencient et délocalisent
Face à cela, l’État ne joue pas son rôle de garant, et au contraire, il aggrave la situation. L’argent public est massivement versé dans des aides et subventions aux entreprises qui, sans contrepartie, licencient et délocalisent.
En juillet 2023, la Cour des comptes estime à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total aux entreprises, y compris les prêts garantis et le report du paiement des cotisations sociales. Aucun contrôle ni mécanisme coercitif n’empêche ces pratiques qui affaiblissent notre tissu industriel et nos emplois.
Ces fermetures d’entreprises et d’usines sont les conséquences directes de la politique de l’offre menée par Emmanuel Macron depuis son premier mandat.
L’État doit impérativement agir pour restaurer la souveraineté industrielle de la France et mettre en place une véritable politique industrielle ambitieuse. Cela passe par l’arrêt des délocalisations et par une relocalisation des productions.
Il est également essentiel de lutter contre le dumping social qui exploite les travailleur·ses sous-payés dans d’autres pays, tout en détruisant les emplois locaux. Une véritable stratégie industrielle est donc indispensable afin de garantir un avenir durable pour la France.
Face à la gravité de la saignée industrielle, il faut agir sans attendre sur trois aspects :
- Un plan d’urgence pour l’emploi et l’industrie
- Un moratoire sur les licenciements et un renforcement des dispositifs garantissant la recherche effective d’un repreneur
- Un plan national de maintien et de relocalisation des outils et emplois industriels, piloté par un État assumant un rôle d’acteur central de l’industrie
- Permettre un retour immédiat aux tarifs réglementés de vente de l’électricité et du gaz
- Des assises de l’industrie et une grande loi pour réindustrialiser le pays et répondre au défi environnemental
- Planifier et protéger notre industrie
- Donner la possibilité aux travailleurs d’intervenir sur les orientations stratégiques des entreprises
- Mettre en place une Sécurité Sociale professionnelle et environnementale
- Responsabiliser les donneurs d’ordre par rapport aux sous-traitants
- Mettre l’industrie au service de l’intérêt général
- Investir pour préparer l’avenir
- Réorienter la politique Européenne
- Renforcer les normes sociales et environnementales et protéger notre industrie
- Mettre en place un plan d’investissement européen, à rebours des politiques d’austérité
- Sortir du dogme de la concurrence libre et non faussée