
Plus de 60 000 hectares de forêt ont brûlé cet été sur l’Hexagone lors des incendies qui ont ravagé la Gironde et sévi également en Rhône-Alpes ainsi que sur le pourtour méditerranéen.
Ces mégafeux ont mobilisé 1 100 pompiers français et des moyens venus des pays de l'Union européenne : six avions, 383 hommes et 101 véhicules ont été envoyés pour soutenir les combattants du feu français qui luttaient contre ces incendies hors-norme appelés à se multiplier à cause du dérèglement climatique.
Le 20 juillet, Emmanuel Macron promettait un grand chantier national de replantation.
Et le 11 août, sa Première ministre Élisabeth Borne annonçait un projet de plan quinquennal sur l'adaptation au dérèglement climatique, « notamment dans la loi de programmation que le ministre de l'Intérieur présentera à la rentrée », avec une planification sur cinq ans des renforts donnés à la sécurité civile, en lien avec les collectivités locales.
Ils demandent le reversement d’une part du produit de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance aux Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) car « en mettant en péril leurs vies pour protéger les personnes et les biens, les sapeurs-pompiers et plus largement les acteurs de la sécurité civile permettent aux assurances un taux d’évitement conséquent, et donc des économies non négligeables », écrivent-ils.
Face au risque accru de destruction des landes et forêts de métropole, un rapport du Sénat publié le 3 août propose justement de revoir la stratégie de lutte contre les feux de forêt pour l'adapter aux feux hors norme.
Parmi les nombreuses mesures, les sénateurs préconisent d’augmenter significativement les dotations aux SDIS pour redéployer plus de matériels et de personnels, et revenir notamment sur les 500 suppressions de postes à l’Office national des forêts (ONF qui déjà vu 5 000 postes supprimés depuis 20 ans).
Aujourd’hui, 12 Canadair d’ancienne génération composent la flotte française de bombardiers d’eau et sont en service depuis plus de 25 ans, ils doivent être renouvelés et basés en partie dans le sud-ouest : au plus près des feux.
« Pour attaquer rapidement les feux naissants, il faut du matériel certes, mais aussi embaucher des sapeurs-pompiers professionnels, car les feux hors normes, qui risquent malheureusement de devenir la norme, montrent qu’il faut des permanents, sans attendre des entreprises qu’elles libèrent des pompiers volontaires » résume Djibril Cissé, sapeur-pompier professionnel (SPP) et délégué syndical CGT au SDIS de la Gironde qui compte 1 880 professionnels et 3 500 volontaires.
Depuis plusieurs années, la CGT propose un plan national de dotation de la sécurité civile en moyens aériens, une réflexion d’urgence sur les conditions de financement des SDIS.
Et la suppression du double statut de sapeur-pompier professionnel et volontaire « surtout dans des gros départements comme la Gironde, car cela cache les besoins réels de sapeurs-pompiers professionnels, d’autant que les jeunes sont aujourd’hui de plus en plus mobiles et que se pose alors un problème de recrutement », commente Djibril Cissé.